Apparition littéraire
Il apparaît pour la première fois sous forme littéraire dans Perceval ou le conte du Graal de Chrétien de Troyes (XIIe siècle). C'est une coupe d'or ornée de pierres précieuses, accompagnée d'une lance qui saigne et d'un plat d'argent, mais le sens d'aucun de ces symboles n'est expliqué. Une sorte de suite, la Rédaction courte, d'un auteur anonyme, explique que le Graal donne à chacun les nourritures qu'il désire, et l'associe avec la Sainte Lance qui a percé le flanc de Jésus-Christ sur la croix. Pour Wolfram d'Eschenbach dans son Parzival le Graal est une pierre magique.
Enfin, c'est Robert de Boron, au début du XIIIe siècle, qui explique dans L'estoire du Graal qu'il s'agit de la coupe avec laquelle Jésus-Christ a célébré la Cène et dans laquelle, ensuite, son sang a été recueilli par Joseph d'Arimathée — coupe évoquée, sans lui donner de nom, par de nombreux apocryphes tels les Gesta Pilati ou le Pseudo-Évangile de Nicodème. Emporté en terres lointaines par Joseph, le saint Graal devient le centre d'un mystère auquel certains élus participent autour d'une table ronde — d'où l'intégration dans les récits de la Table ronde. Cette christianisation de la légende du Graal est parachevée par la Queste del Saint-Graal, roman anonyme écrit vers 1220, probablement par un moine, qui fait du Graal la Grâce divine.
Plus récemment, il apparaît dans de nombreuses œuvres, parmi lesquels on peut citer :
Le Graal, symbole de quête et d'inaccessible
Le Graal est un objet mystérieux, presque magique :
Pourtant tous les chevaliers le cherchent, et le monde n'aura de paix qu'après sa découverte.
On peut ainsi donner plusieurs interprétations à la quête des chevaliers :
La quête du Graal aujourd'hui
En s'inspirant librement de la mythologie celtique, un écrivain et linguiste anglais, J.R.R. Tolkien, publia en 1954 un des best-sellers mondiaux, Le Seigneur des Anneaux. On y retrouve de nombreux éléments des légendes arthuriennes (monde de type médiéval, magie, combat du Bien et du Mal). Mais surtout le livre est structuré autour d'une quête, comme celle des chevaliers d'Arthur ; en l'occurrence, il s'agit, à travers moult épreuves, d'apporter un objet magique à un endroit précis où il pourra être détruit et ainsi donner la paix au monde.
Plus récemment encore, Dan Brown donne une interprétation toute personnelle du Graal dans son roman Da Vinci code où il est dit que le Graal représenterait Marie-Madeleine.
Dans les années 1970 apparaissent de nombreux jeux qui font référence à cette notion de quête surnaturelle. Le plus célèbre, et un des premiers, est le jeu de rôle américain Donjons et Dragons : une assemblée de joueurs part en quête d'un objet, d'une personne. Chacun tient le rôle d'un personnage précis : chevalier, magicien, elfe, etc. Un meneur de jeu dévoile petit à petit les multiples épreuves à affronter avant d'arriver au but. Débarrassé de tout contexte religieux, l'intérêt du jeu se situe dans l'infinie variété des quêtes construites à partir d'une trame de base, avec ses scénarios et ses personnages stéréotypés.
L'évolution la plus récente est la transposition des jeux de quête sur ordinateur, permettant de jouer seul avec l'ordinateur pour « maître du jeu » et de profiter de ses capacités graphiques et sonores de plus en plus performantes pour représenter des mondes imaginaires et gérer des scénarios complexes.
Ces jeux ont été adaptés depuis à de nombreuses situations : toutes les grandes civilisations, réelles ou imaginaires, ont été mises à contribution. Mais ce n'est pas un hasard si les premières versions se situaient dans un monde féodal où la magie joue un grand rôle : inventées par des Anglo-Saxons imprégnés de légendes arthuriennes, les quêtes modernes réactualisent une trame légendaire du VIe siècle, comme Chrétien de Troyes l'avait déjà fait au XIIe siècle. N'est-ce pas un bel exemple de mythe intemporel?
La quête du Graal prend aussi un autre sens moderne beaucoup plus concret pour décrire un objectif difficillement réalisable, mais qui apportera au monde des nouvelles connaissances inestimables ou bien un pouvoir sur la matière inusité. Ainsi, en physique, on qualifie la théorie de grande unification de "Graal des physiciens". Encore, la compréhension du mécanisme par lequel les gènes contrôlent la physionomie des organes serait le "Graal des généticiens".
source: Graal (Wikipédia)